QU'EST-CE QUE LA GRANT COMPAIGNE ?

En 1360 intervint un traité entre royaumes de France et d'Angleterre, démobilisant les hommes qui se trouvaient alors sous les armes. Beaucoup parmi ceux-ci, qui étaient des réprouvés, ne connaissant que cette vie d'aventure, se choisirent sur place, là où ils se trouvaient, des chefs parmi les plus capables et se constituèrent en bandes, en routes, pour vivre en proposant leurs services mercenaires au plus offrant. Le pillage, les rapines étaient également au quotidien, ainsi que les patis, ce tribut en argent et en denrées que l'on exigeait des populations contre une protection.
Ces routiers se nommèrent eux-mêmes les Tard-venus, car ils venaient tard au pillage. Ces multitudes de bandes aux effectifs variables faisaient partie de ce grand phénomène connu sous le nom des Grandes Compagnies.
La Grant Compaigne qu'on rencontre sous la plume des chroniqueurs.

LA PÉRIODE DE RECONSTITUTION 1360-1390

S'ouvrit à eux alors une période faste car, si une paix fragile avait été conclue entre la France et l'Angleterre, ces deux puissances continuaient de pousser leurs pions, notamment lors de la guerre de succession de Bretagne (1341-1364) et celle de Castille qui vit s'opposer Henri de Trastamare à son demi-frère Pierre le Cruel. De plus, les barons ne cessaient de se faire des guerres privées.
Mais cette période faste devait voir sa fin. Tout d'abord avec la mort de Du Guesclin en 1380 et la reddition d'une importante route à Châteauneuf-de-Randon. Puis avec la lutte opiniâtre du pouvoir renforcé dans un royaume de France qui commençait à renouer avec la victoire. Succès contre l'Anglais et surtout contre ce fléau des Grant Compaignes  qui maillaient littéralement le territoire en s'étant emparé de nombre de châteaux leur servant de bases de repli et d'opération. Bientôt les dernières bandes finirent par être décimées, chassées.
Puis intervint la mort du roi Charles V et la tutelle avide des oncles Valois sur le jeune Charles VI, visant à transformer leurs apanages en principautés héréditaires au détriment d'un roi mineur et sans pouvoir. Nous limitons notre période de reconstitution à l'an 1390, tandis que les routiers de cette génération ne font plus guère parler d'eux, que les derniers lambeaux des compaignes d'aventure, ceux qui n'ont pas été noyés ou décapités sur l'ordre du duc de Berry, vont aller se fondre définitivement, disparaître dans les armées de la reconquête ou au contraire chez l'ennemi... Plus jamais un phénomène comparable dans sa portée historique et surtout sociétale n'apparaîtra, hormis peut-être les Écorcheurs, au siècle suivant. Mais c'est une autre histoire et, sans doute, une autre philosophie, si tant est qu'on puisse parler de philosophie dès lors qu'il s'agit de la quête d'aventures et d'amasser des richessses au détriment de populations désemparées en profitant d'un pouvoir délité et totalement dépassé par le phénomène.

 

 

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Sur cette carte de Germain Butaud, tirée de son ouvrage “Les compagnies de routiers en France - 1357-1393”, Lemme Illustoria éditeur,
on peut remarquer en rouge l'importance de la présence des compagnies sur l'ensemble du territoire.
D'autres cartes de ce livre montrent encore l'importance de leurs garnisons
dans les châteaux occupés dans les temps de la reconquête française des années  1369-1377.

RECONSTITUER LA GRANT COMPAIGNE

C'est pourtant un phénomène particulier et passionnant à reconstituer. Des routes de soldats, certes, mais pour cent soudoyers, combien d'artisans, combien de lavandières, combien de civils, hommes, femmes et enfants suivaient dans de longs convois de chariots ? Un village en marche... Intéressant à plus d"un titre car on sort là de la gangue féodale classique, de la pyramide des suzerainetés pour évoquer - n'ayons pas peur de ce mot anachronique - un esprit “libertaire” avant l'heure : hiérarchie élue et révocable, solidarité de la route, incontestable sentiment clanique de n'être pas comme les autres, même si cette différence se traduit par une vie de hors-la-loi dans les faits. Un vrai espace de liberté, liberté bien comprise et bien cadrée, nous est offert par l'Histoire !
La Grant Compaigne se propose de représenter l'un de ces campements d'éternels itinérants, mêlant, comme dans la réalité, les combattants, redoutables hommes de guerre, et la population civile qui les accompagnait, subvenant à leurs besoins quotidiens.

L'association de reconstitution médiévale La Grant Compaigne (1360-1390) a pour but de promouvoir le patrimoine historique et architectural en Poitou-Charentes et en Vendée à travers des démonstrations militaires et des ateliers pédagogiques.
Elle met au service des propriétaires de châteaux ou aux organisateurs de manifestations culturelles son savoir-faire, sa passion et ses connaissances de l'époque concernée. TOUTE INTERVENTION SUR DEVIS.